AteliersVous trouverez ci-dessous les ateliers ouverts et panels qui se tiendront lors du congrès. Les animateurs des ateliers ont la responsabilité entière desdits ateliers et en particulier de la sélection des papiers. Cette page sera progressivement actualisée.
ATELIERS OUVERTS
PANELS / TABLES RONDES
ATELIERS OUVERTS
Atelier ouvert 1 - Formes et conséquences de la financiarisation : intermédiation financière, performances des firmes, croissance
Organisateurs :
Cet atelier s’articule autour de trois sessions (cf. infra pour une présentation détaillée des sessions) qui ambitionnent d’approfondir les recherches et les connaissances actuelles sur les formes et les conséquences de la financiarisation. Elles visent par ailleurs à fédérer les chercheurs et les chercheuses travaillant sur cette thématique. A cette fin, les différentes sessions sont ouvertes à toutes propositions de communication.
Dans un contexte de sortie de la crise financière de 2007-2008, les firmes de Private Equity dont l’activité consiste à investir dans des entreprises, le plus souvent non cotées, des capitaux apportés par des investisseurs institutionnels, représentent un mode de financement des entreprises en essor quasi constant depuis la fin des années 1980. A partir de travaux comparatifs ou centrés sur une place financière, cette session vise à questionner le rôle des opérations de capital-risque (Venture Capital) et de capital-transmission (Leveraged BuyOut) dans le financement des entreprises ainsi que le niveau et les caractéristiques du développement du secteur tant aux échelles nationales, qu’européenne et mondiale. Les contributions pourront porter sur les thèmes suivants :
Cette session a pour objectif d’évaluer dans quelle mesure les performances des sociétés révèlent la domination de la finance sur l’économie réelle et un changement de leurs stratégies. Elle vise également à apporter un éclairage sur les conséquences potentielles des changements réglementaires observés en Europe (nouveaux segments de marché financier, nouvelles lois sur le marché du travail) et du Brexit sur les sociétés. Les contributions pourront porter sur les thèmes suivants :
La libéralisation financière mise en œuvre au du début des années 1980 devait se traduire par une amélioration des performances des entreprises et une élévation du PIB potentiel. Plus de trente années plus tard le bilan est très mitigé. Les entreprises pour faire face aux exigences financières mènent des stratégies de réduction de coût, d’externalisation et de délocalisation qui visent à optimiser leur fonctionnement. Cet ajustement de l’offre produit des effets déflationnistes si bien que les performances microéconomiques lorsqu’elles existent ne se transforment pas nécessairement en performances macroéconomiques en raison de la faiblesse relative de la demande. Pire, depuis la crise de 2008, les PIB potentiels semblent durablement impactés et avec eux les gains de productivité. Une partie du phénomène de la baisse de la productivité peut être expliquée par la faiblesse de croissance au niveau macroéconomique. Du point de vue microéconomique, des phénomènes de malformation du capital pourraient également être mobilisés. Les exigences de rentabilité excessives imposées aux entreprises se sont traduites par un effritement de la part des salaires dans la valeur ajoutée et les investissements réalisés n’ont pas nécessairement été les plus opportuns en dépit de l’efficacité allocative supposée des marchés financiers. Pour investiguer ces questions, les contributions pourront porter sur les thèmes suivants :
Atelier ouvert 2 - Ethnographier l'entreprise
Etudier l’activité au travail des cadres, ingénieurs et dirigeants d’entreprise et suivre pas à pas le déroulement des transactions et des projets, en France et à l'international »
Coordination :
Présentation « Les chercheurs en sciences sociales aiment parler de fonctionnement de processus, mais leurs méthodes les empêchent, en général, de saisir concrètement les processus dont ils parlent si abondamment » (Howard Becker, 1970, Sociological Work, Aldine, New York.)
L’observation d’un processus social prend beaucoup de temps et pose des problèmes de comparabilité et d’objectivité dans le recueil des données. On peut donc comprendre que les chercheurs en sciences sociales recourent le plus souvent à des expédients pour parler savamment de processus qu’ils n’ont pas vraiment pris le temps de suivre dans leurs tours et détours. Des données fragmentaires (questionnaires, interviews, archives, dénombrement statistiques) sont alors utilisées pour reconstituer par la pensée le processus complet dont on prétend rendre compte. Pourtant, et pour citer encore Howard Becker, «l’interprétation par les sociologues de données fragmentaires n’est juste que si leur conception du processus sous-jacent est exacte». Autrement dit, pour parler comme Pierre Bourdieu (1980), il faut être équipé d’une «théorie de la pratique» exacte pour interpréter correctement les indices et des traces fragmentaires qui ne donnent que des indications partielles sur des conduites humaines continuellement remodelées. Si l’on appelle «démarche ethnographique» un séjour prolongé dans le lieu de travail choisi et une participation aussi complète que possible aux activités que l’on essaie de comprendre, alors on peut dire que c’est une occasion de satisfaire à l’idéal d’une sociologie compréhensive avant de s’essayer à l’interprétation, à la remontée en généralité et éventuellement à la critique. Une telle immersion permet d’acquérir les «compétences indigènes» indispensables pour accéder à une compréhension intime de la vie des cadres, ingénieurs et dirigeants dont il prétend expliquer l’activité. Elle oblige à s’engager dans des épreuves, à accomplir des performances, à partager des émotions. Surtout, elle fait accéder à la part ésotérique du management des entreprises, condition pour réaliser des travaux susceptibles de concurrencer avec force les idées reçues véhiculées par la communication d’entreprise, les consultants et les média. Cette session contribuera à mettre à l’honneur la narration détaillée de processus d’entreprise observés in situ et en temps réel par des professionnels s’efforçant de devenir chercheurs ou par des chercheurs s’efforçant de partager un temps l’expérience des professionnels de la direction des entreprises : cadres, ingénieurs, managers, consultants, dirigeants, entrepreneurs. Les communications portant sur des transactions internationales, ou se déroulant dans des pays du sud sont particulièrement bienvenues.
Atelier ouvert 3 - Quel « à venir » pour l’Europe sociale ?
Organisateurs :
A en croire de Foucault (1997, p.7)[1] : « L’Europe sociale existe, moins qu’il ne le faudrait bien sûr, mais plus qu’on ne le croit. Mais elle peu lisible et peu visible car elle prend des formes multiples et dispersées dont la compréhension est difficile ; cela d’autant plus que la subsidiarité joue ici plus qu’ailleurs et que les débats européens, comme les principales avancées de l’Union européenne, portent sur les aspects politiques, économiques ou monétaires et exercent une sorte d’effet d’éviction sur la montée progressive et encore tâtonnante de l’Europe sociale. Celle-ci est loin d’avoir trouvé sa forme propre et originale d’expression ». Quelques vingt années plus tard, l’Europe Sociale cherche encore son « à venir » entre le projet d’une « Europe sociale hautement compétitive » traduite autant en termes de politiques sociales que d’entrepreneuriat social d’un côté, que d’une Europe sociale d’altérité : celle de l’économie sociale & solidaire, aboutissant au vote de « Loi ESS » en Roumanie, en Italie, en France, en Belgique, entre autres, reconnaissant explicitement les entreprises sociales au service des politiques sociales territorialisées. Il s’agit de relancer dans les deux cas l’Europe sociale à partir du développement des services sociaux d’intérêt général (SSIG) qu’ils soient économiques (SEIG) ou bien non économiques (SNEIG). Les contributions attendues tiennent d’approches de sciences humaines et sociales (histoire, géographie, économie, gestion, sciences politiques) de cette Europe sociale ou de ces Europe(s) sociale(s) en construction, de façon à comprendre et expliquer les tenants et les aboutissants de ses modèles alternatifs ou d’altérité. [1] Préface de l’ouvrage de Mallet et Milliat (1997), op. cité.
Atelier ouvert 4 - Les pensées économiques – diversité, développement, bifurcations
Le Congrès de l’AFEP organise, en partenariat avec l’Association Charles Gide pour l’étude de la pensée économique, un atelier sur la diversité des pensées économiques.
Organisateurs :
La théorie économique connaît-elle un progrès continu ? Une réponse affirmative conduit à envisager l’histoire de la pensée économique comme érudition. L’HPE servirait à ne pas oublier les étapes par lesquelles a pu être atteint ce plus haut degré de connaissance que l’on connaîtrait aujourd’hui, mais l’économiste n’en aurait pas besoin, sinon comme substrat constituant sa culture de la discipline. Si en revanche la réponse est négative, alors l’HPE acquiert une fonction heuristique : la diversité des pensées économiques est un réservoir de concepts, de controverses, de théories, aptes à fournir à l’économiste d’aujourd’hui des outils permettant de considérer avec un recul critique ce qui semble définitif et indiscutable. C’est à une histoire de la diversité des pensées économiques, de leur développement, des bifurcations, des débats et des pistes oubliées qu’appelle cet atelier. On souhaite en particulier mettre l’accent sur les rapports entre pensée dominante et pensées dominées ou marginales. Les contributions de philosophie économique qui nourrissent ce même recul critique sont aussi les bienvenues.
Atelier ouvert 5 - Is there a post-euro life ?
EReNSEP Workshop
Organisers :
The austerity policies and the internal devaluation strategies that have become the norm in the euro area since 2011 have engendered a protracted stagnation and fueled centrifugal forces. A country exiting from the EMU, or even the dissolution of the single currency is therefore no longer a theoretical possibility. There is the need for a better understanding of the consequences of such an event and for a vision of a renewed cooperation in Europe. In this context, the goal of this workshop is threefold:
This workshop is organized by EReNSEP, a network that links researchers, activists and organizations across several countries in Europe. Its goal is to generate policy proposals that will offer concrete and feasible alternatives to the challenges currently facing Europe, from a perspective that is critical of mainstream policy and theory in economics and other fields. See http://www.erensep.org/.
Atelier ouvert 6 - Intégration monétaire européenne et coût de la convergence
Organisateurs :
Partant de la conviction qu’une union économique et monétaire nécessite la réunion d’économies aux situations comparables, l’accord de Maastricht va mettre en place cinq conditions que les pays de l’UE candidats à l’union économique et monétaire (UEM) se devront de respecter pour garantir une viabilité à long terme de la zone : il s’agit des critères de convergence de Maastricht, ou de convergence nominale. Bien que dans les critères de Maastricht la convergence n’est considérée que dans sa dimension nominale, il convient de préciser que cette notion renferme en réalité deux dimensions (la convergence réelle et la convergence nominale) qui ont un rôle complémentaire dans l'union monétaire. La première doit permettre d'assurer des conditions nominales semblables dans la zone, ce qui est l'une des conditions pour que la politique monétaire ait un impact homogène sur l'ensemble de cette zone. La convergence réelle quant à elle renvoie à l’harmonisation des structures macroéconomiques et institutionnelles des pays engagés dans une union économique. Elle assure ainsi que chaque pays ayant adopté l'euro soit capable de se passer de l'instrument du taux de change face à un choc asymétrique, quelle que soit son origine. À travers la notion de convergence réelle, on peut en effet appréhender la façon dont les différences de cycles sont gérées en l'absence de l'instrument du change. Il s’agit donc d'étudier le rapprochement en termes de division du travail. Si les variables nominales jouent un rôle relativement faible dans les ajustements, les interdépendances sont gérées sans recours à l'instrument du change en tant que source de compétitivité-prix, et la convergence réelle est effective de ce point de vue. Ceci peut être rendu possible par la détention durable d'avantages hors-coût qui peut accompagner le développement économique d'un pays sous certaines conditions et ce, à travers une spécialisation internationale adéquate. Se pose alors en particulier la question des politiques structurelles permettant le développement du système national d’innovation (Aglietta et Baulant, 1994). Mais, au cours des années 1990 et au début des années 2000, de nombreuses études ont porté sur la convergence nominale dans cette future zone euro, ainsi que sur la convergence réelle de ces économies (Artus, 1994 ; Pisani-Ferry, 1994 ; Emerson et al, 1990 ; Jacquelain, 2004 ; pour n’en citer qu’eux). Or, dans un grand nombre de ces études, on voyait déjà se poser la question du poids que constituaient ces critères sur la dynamique économique des potentiels entrants (un frein à l’inflation contraire à l’effet Balassa-Samuelson ; des contraintes de déficit budgétaire qui ne sont pas en phase avec les besoins de finances de ces pays ; un abandon de la politique de change dans un contexte de faible compétitivité, etc.). Les contraintes liées au maintien de la zone euro – le respect des règles de convergence et de stabilité – paraissent en effet particulièrement pénalisantes pour les « nouveaux » pays membres (Grèce, Slovénie, Chypre, Malte, Slovaquie, Estonie, Lettonie et Lituanie), qui ont rejoint le groupe initial formé en 1999. Par ailleurs et à la même période, la convergence réelle des pays à l’origine du projet d’intégration monétaire, étudiée notamment à travers la spécialisation des économies, semblait tout sauf évidente et problématique pour l’avenir (Couharde et Mazier, 1999). Une décennie après, dans un contexte de forte divergence en termes de trajectoire de croissance entre pays européens (Sy, 2012) et de remise en cause de l’euro (voir Stiglitz [2016]) et des règles de convergence nominale correspondantes, cet atelier sera l’occasion de faire un point sur ces questions, ainsi que sur le coût des politiques de convergence. Les communications attendues devront permettre un éclairage sur ces questions. Références : Aglietta M. et Baulant C. (1994), « Contrainte extérieure et compétitivité dans la transition vers l'Union économique et monétaire », Revue de l'OFCE, n° 48, pp. 7-54.
Atelier ouvert 7 - AFEE session
Organizer: Dr. Faruk ÜLGEN (faruk.ulgen@univ-grenoble-alpes.fr) The 2007-2008 global financial-economic crisis drawn attention to profound structural weaknesses of financially liberalized capitalist economies. This crisis, still going on despite massive and costly recovery policies implemented by major central banks and central governments since 2008, quickly spread from the US financial markets and institutions to European and emerging markets. It has also involved in its wake some fragile domestic debt structures such as the Greek and Spanish economies, some fragile productive systems such as the Argentinian, Brazilian and Turkish economies. Several conventional analyses argued that the global crisis was mainly due to wrong monetary policies and related low interest rates since the early 2000s implemented by the Fed. Alternatively, numerous non-neoclassical analyses have suggested more critical studies on such a worldwide systemic turmoil. Some of them put the emphasis on the endogenous fragilities of capitalist finance from a Minskyian perspective while others focus on market imperfections and the irrelevance of self-regulation with regard to systemic stability issues. Most of those researches shed light, explicitly or indirectly, on institutional weaknesses of the monetary and financial markets that central governments’ and regulation authorities’ reforms have fueled. This specific AFEP-AFEE panel session aims at gathering contributions that seek to offer an institutional analysis on those topics and encourages institutionalist and evolutionist analyses to develop studies on the fragilities of the financialization process of capitalist economies and its systemic consequences in the aim of foreseeing a relevant alternative future for democratic societies. The suggested deadline for proposals (abstract up to 2 pages with max 5 keywords and JEL Codes, with author(s) name(s), affiliation, mail and email addresses) is 10 March 2017. (It is suggested that at least one of the authors of each paper is a member of AFEE at the date of the conference.)
ATELIERS FERMÉS
Panel 1 - Économie politique de la santé
Organisateurs :
Du point de vue de la théorie économique standard, la santé n’est qu’un sous-champ d’application de la boite à outils méthodologique néoclassique (équilibre, homo oeconomicus, offre, demande, prix, etc.). Ici comme ailleurs, il n’existe aucun problème qu’un bon schéma d’incitation ne pourrait résoudre et l’économiste (de la santé) est avant tout un bon technicien, manipulateur d’incitations. A l’inverse, pour les hétérodoxies, la santé est un domaine de recherche particulièrement singulier et important parce qu’il est exemplaire des apories de la théorie standard et permet de renouveler l’économie politique. Une grande partie du travail de l’économiste devient alors de dévoiler le politique qui se cache derrière la naturalisation de choix dits techniques. En négatif, l’économie politique de la santé agit comme une loupe grossissant tous les défauts d’analyse de l’approche dominante. En positif, parce qu’elle valorise la controverse en affirmant qu’il est contreproductif de vouloir opposer le politique et le scientifique, l’économie politique de la santé vise à nourrir les débats de sociétés que révèlent les questions de santé. La santé est un exemple exemplaire du lien irrévocable entre l’économie et la société et de la dimension principalement politique des problématiques ayant trait à la santé. C’est dans cet esprit général que le panel santé AFEP 2017 rassemble des travaux originaux d’économie politique de la santé. Sessions :
Panel 2 - La promotion des dispositifs de RSE/RSO par les collectivités territoriales en France : quels enjeux théoriques ?
Une lecture croisée entre économie institutionnaliste, Critical management studies et éthique économique
Le Congrès de l’AFEP organise cet atelier en partenariat avec le RIODD.
Organisateurs :
Cet atelier vise à présenter et à discuter des premiers résultats de l’enquête en cours, dans le cadre du projet de recherche RSECO : « Une RSE repensée – De l’implication des acteurs à une réappropriation des politiques publiques ». A travers un partenariat entre l’association Yamana et un groupe interdisciplinaire de chercheurs (philosophie, économie, sciences de gestion), ce projet vise deux objectifs : (1) d’une part, à faire émerger des questionnements théoriques à partir des observations de terrain effectuées par les chercheurs, afin de construire un cadre théorique et normatif recentré autour des enjeux politiques et éthiques contenus dans les thématiques de RSE ; (2) d’autre part, il cherche à permettre aux praticiens de renouveler leur façon d’appréhender et de répondre aux problématiques professionnelles auxquelles ils sont confrontés. Il s’agit en particulier de réfléchir aux manières de mieux articuler certains objectifs de politiques publiques territoriales (par exemple, lutte contre la pollution) avec les pratiques de RSE (Plan de Déplacement Entreprise, Télétravail, flexibilité horaire). L’objectif de cet atelier est de mettre en débat la manière dont émergent plusieurs enjeux théoriques et conceptuels liés aux dispositifs de RSE promus par les collectivités territoriales, à partir des premiers résultats de l’enquête. Il s’agira de travailler à la consolidation d’un cadre théorique et normatif à l’interface de l’économie et de l’éthique, permettant d’éclairer les dynamiques institutionnelles observées.
Panel 3 - Economie politique de la mesure de l’indice des prix et de ses usages
Coordination: Florence Jany-Catrice Avec : Florence Jany-Catrice (économiste), Boris Samuel (politiste), Géraldine Thiry (économiste), Béatrice Touchelay (historienne)
Les outils macroéconomiques (tels que le PIB et la croissance, la productivité, l’inflation, la dette etc.) constituent des outils décisifs de représentation, d’interprétation et/ou de prospective dans la prise de décision. Ces instruments sont pour la plupart le fruit d’une maturation remontant au début du XXè siècle et ont été mis en place au lendemain de la deuxième guerre mondiale pour équiper un projet politique bien particulier : celui de la reconstruction des économies occidentales sur une base industrielle et marchande. Faisant l’objet de nombreuses conventions, ces outils sont, encore aujourd’hui, « fabriqués » dans l’enceinte de la statistique publique. Ils ne sont donc immuables ni dans leur format, ni dans leurs usages (usages macroéconomiques, usages stratégiques et instrumentaux, usages discursifs et politiques...). Ce panel entend se pencher sur l’un de ces instruments en particulier : les indices de prix. Il s’agira d’étudier sous plusieurs angles les enjeux de ces indices, d’analyser leurs transformations, celles de leur élaboration et de leurs usages depuis la Reconstruction. Il s’agira ce faisant de s’interroger sur les rapports de force dont témoignent ces transformations, sur la capacité des indicateurs à rendre compte de l’évolution de la qualité des biens et services et sur les glissements des politiques publiques dont ils sont les reflets : quelles sont les grandes transformations des indices de prix sur le demi-siècle, tant dans leur élaboration que dans leurs usages ? Que disent-elles des transformations des rapports de force entre acteurs qui les élaborent et les utilisent ? Que disent-elles de la manière par laquelle on rend compte de l’évolution qualitative des biens et services ? Que disent-elles aussi des glissements des politiques publiques ? L’intérêt de ce panel est de croiser les regards disciplinaires (économie, histoire, science politique), de pointer les différences des indices entre la Métropole et les DOM et d’exercer un regard critique sur l’un des indices macroéconomiques qui a suscité le plus de tensions dans la France contemporaine. Il sera composé de quatre interventions: 1. Formation de l’indice des prix à la consommation en France : recomposition des acteurs à l’oeuvre Florence Jany-CatriceProfesseur des universités, économiste, Clersé-UMR-8019
Cette contribution s’intéresse à la manière par laquelle la construction des prix a changé dans le temps. L’analyse des diverses controverses externes ou plus feutrées qui ont traversé l’histoire de l’indice tout au long du xxème siècle et dans les premières décennies du xxiè siècle souligne que les épreuves ont toujours porté et portent toujours (mais à des degrés divers) sur des questions de répartition et de représentation des richesses. Les acteurs qui les portent cependant changent: la logique politique mettant en scène des rapports sociaux divers entre le gouvernement, la statistique et les syndicats fait progressivement place à des logiques scientifiques, qui donnent aux controverses les plus récentes un caractère a priori plus technique. En conférant une place plus forte aux experts, ces controverses tiennent aussi encore plus à distance les acteurs traditionnels. Cette contribution est une partie d’un projet de recherche en cours sur l’histoire de l’indice des prix en France. Elle sera notamment fondée sur une analyse d’une vingtaine d’entretiens semi-directifs réalisés en 2016 et 2017 sur cette question auprès des acteurs influents dans le champ de la fabrique des prix (statisticiens Insee, syndicalistes, économistes).
2. Quantifier la pwofitasyon. Les mises en nombre des prix et des marges dans le conflit social de 2009 en Guadeloupe. Boris SamuelChaire d’études africaines comparées,
Université Mohamed VI Polytechnique de Rabat / SciencesPo CERI
En Guadeloupe, la mobilisation historique de 2009 contre la « vie chère » et la pwofitasyon a donné lieu à une grève de 44 jours. Le terme de pwofitasyon renvoie à des situations dans lesquelles des acteurs occupant une position dominante dans les filières économiques, notamment la distribution, sont accusés de réaliser des marges abusives et des profits indus, avec pour conséquence l’existence de prix de vente élevés. La dénonciation de la pwofitasyon fait de l’évaluation quantifiée du profit ou des marges un passage obligé. Faisant face aux institutions publiques et patronales, le collectif LKP (Lyannaj Kont’ Pwofitasyon - Alliance contre la pwofitation) qui mène la lutte en 2009 propose de nouveaux modes de quantification des prix. En s’appuyant sur des observations empiriques documentant les techniques de calcul, les séances de négociation et les débats publics autour des chiffres, cette communication décrira les nouvelles mises en nombres des prix et les nouveaux usages qu’elles génèrent. Elle montrera que le conflit social de 2009 donne à voir une pluralité d’acteurs qui s’illustrent par des modes de calcul et usages des chiffres singuliers. Elle montrera aussi que l’utilisation des chiffres dans les négociations génère des jeux inégalitaires, dans lesquels les ressources techniques et relationnelles des acteurs conditionnent l’issue des rapports de force. Le conflit social arrivant à un moment où les travaux économiques et statistiques officiels sur les prix sont très peu développés, notamment à l’INSEE, elle comparera plusieurs nouveaux modes de quantification qui sont mis en débat dans le sillage des négociations. Il apparaîtra ainsi que l’élan « statactiviste » du LKP parvient à déplacer les durablement les mises en nombre légitimes des prix sur la scène sociale, politique et administrative de la Guadeloupe. Cette recherche se fonde principalement sur des enquêtes conduites en Guadeloupe en 2009 et 2010 et ayant donné lieu à la conduite d’entretiens avec des acteurs administratifs, économiques, associatifs, syndicaux, ainsi que politiques. 3. Le traitement de la qualité dans les indicateurs macroéconomiquesTour d’horizon méthodologique et investigation théorique Florence Jany-Catrice Géraldine Thiry
Associate Professor at ICHEC Brussels Management School
Les réflexions autour d’une conception plus « qualitative » du développement économique se sont multipliées ces dernières années. Mais comment rendre compte de la qualité de l’activité économique ? Plus fondamentalement, qu’entendre par « qualité » ? Sous ce concept coexistent en effet des perspectives très contrastées : tandis que les uns la circonscrivent à des formes d’innovation technologique dans une perspective néo-schumpétérienne de destruction créatrice, d’autres y décèlent l’art du « prendre soin » (care), tant des humains que de la nature, dans une perspective de soutenabilité forte. Ces différentes conceptions, qui peinent à pouvoir se départir d’une certaine normativité, se reflètent dans les débats sur la quantification de la qualité dans les indicateurs macroéconomiques. Aujourd’hui comment les variations qualitatives sont-elles prises en compte dans les indicateurs de prix et de production ? Et quelles sont les voies théoriques et méthodologiques proposées par les macro-économistes et les statisticiens pour améliorer cette prise en compte ? Telles seront les questions qui sous-tendront cette communication. Nous interrogerons les différents moyens par lesquels la qualité (et les variations qualitatives) des biens et services est prise en compte dans les indicateurs macroéconomiques traditionnels et dans les théories économiques récentes. Cette réflexion liminaire s’inscrit dans une recherche visant à interroger les conceptions de la qualité parmi les macroéconomistes et les statisticiens. 4. L’indice des prix de détail en France des origines aux années 1980 ou la crédibilité d’un indicateur vedette de l’arène politique Univ. Lille, CNRS-UMR 8529-
IRHiS-Institut de Recherches Historiques du Septentrion
L’histoire de l’indice officiel des prix en France commence avec les premières poussées inflationnistes du début du XXe siècle. Elle est étroitement liée à celle du service central de la statistique publique et aux luttes qui s’engagent autour de la définition et de l’appropriation d’une expertise statistique. Les luttes s’intensifient à partir de la Reconstruction lorsque l’indice devient le pivot de l’échelle mobile des salaires et qu’un puissant Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) est mis en place. Conçu et utilisé comme pivot des négociations salariales, l’indice est au coeur de tensions permanentes entre des groupes aux intérêts contradictoires, gouvernants, patronat, syndicats, associations de consommateurs, etc. La contestation change de nature avec le tournant de la rigueur et la désindexation des salaires sur les prix après 1983, elle se déplace vers la « mesure » de la consommation et du pouvoir d’achat. Les acteurs, les manifestations et les effets de cette contestation permanente de l’indice sont à préciser car ils informent plus largement sur la place et le rôle des indicateurs statistiques dans le France contemporaine.
Panel 4 - Politiques économiques et analyse postkeynésienne
Coordination : Vincent Duwicquet (clersé UMR 8019, Université Lille 1)
Cet atelier s’est construit autour du thème des politiques économiques. Il est composé de 4 contributions ayant pour point commun le recours à la théorie postkeynésienne. La contribution de Vincent Duwicquet s’intéresse aux politiques salariales en union monétaire et analyse les effets d’une relance budgétaire menée au niveau européen. Sébastien Charles, Thomas Dallery et Jonathan Marie étudient en détail la politique budgétaire de la France depuis les années 1970. Le rôle de la politique budgétaire est également analysé par Cédric Rogé qui souligne le caractère stabilisateur des dépenses publiques dans un modèle d’instabilité harrodienne. Louis Chevalier met quant à lui l’accent sur l’instabilité financière dans un modèle d’inspiration minskienne faisant apparaitre le lien entre politique monétaire, crédit, immobilier et répartition.
1-Politiques salariales en union monétaire et modélisation stock-flux cohérente Vincent Duwicquet, Clersé UMR 8019, Université Lille 1 A l’aide d’un modèle macroéconomique stock-flux cohérent représentant une union monétaire dans un contexte déflationniste et de sous-utilisation des capacités de production, nous étudions différentes politiques salariales. Plusieurs résultats se dégagent. Les politiques asymétriques de relance salariale apparaissent peu efficaces. Une chute exogène des salaires et des prix peut en théorie permettre une forte baisse du chômage mais ce scénario apparait peu réaliste. De même, une politique de relance symétrique des dépenses publiques avec intervention de la banque centrale européenne permettrait de faire diminuer significativement le taux de chômage en France et dans la zone euro mais ce scénario se heurte au cadre institutionnel adopté par les pays de l’union économique et monétaire. Dans ces conditions, les politiques visant à réduire le coût du travail s’avèrent cohérentes avec le cadre institutionnel de la zone euro mais leurs effets s’avèrent limités en termes de création d’emplois et de baisse du taux de chômage. Références bibliographiques C. Blot, H. Péléraux, R. Sampognaro et S. Villemot [2015] : Comprendre la dynamique salariale par temps de crise, Revue de l’OFCE, vol. 144 n°8, pp. 219-255.V. Duwicquet et J. Mazier [2016] : Crise de la zone euro, asymétries et politiques budgétaires, Revue d’économie politique, vol. 126 n°2, pp. 285-315.
W. Godley et M. Lavoie [2007] : Monetary Economics, An integrated approach to credit, money, income, production and wealth, Palgrave Macmillan.
2-La politique budgétaire en France depuis les années 1970 est-elle keynésienne et inefficace ? Charles Sébastien, Université Paris 8, LED (sebcharles92@yahoo.fr) Dallery Thomas, Université du Littoral Côte d’Opale, CLERSÉ (thomas.dallery@univ-littoral.fr) Marie Jonathan, Université Paris 13 - Sorbonne Paris Cité, CEPN (jonathan.marie@univ-paris13.fr) La proposition de communication vise à déconstruire une idée entendue régulièrement au sujet de la politique économique en France, plus exactement au sujet de la politique budgétaire menée au moins depuis les années 1970 (voir par exemple Tinel, 2016). L’idée communément développée indique que les déficits publics et la hausse de l’endettement public seraient la conséquence mécanique d’une politique budgétaire keynésienne et expansionniste marquée sous le sceau de l’inefficacité. Ce type de politique serait donc à proscrire définitivement. Plutôt que de chercher à déconstruire cette idée en montrant que le haut niveau d’endettement public est la conséquence conjuguée d’un effet « boule de neige », de la baisse de la fiscalité et d’une basse de l’activité économique (CAC, 2014), il nous paraît ici important de démontrer que la politique budgétaire menée ne peut tout simplement pas être qualifiée de keynésienne. Elle n’est pas keynésienne car elle n’a été que très rarement mobilisée pour rétablir le plein-emploi dans une démarche contra-cyclique. Lors des périodes repérées comme « keynésiennes », nous cherchons à déterminer si ces politiques ont réellement été inefficaces. Pour qualifier objectivement la politique budgétaire menée de keynésienne ou de non-keynésienne, nous confrontons l’évolution des dépenses publiques ainsi que l’évolution du déficit public aux évolutions du PIB, du taux d’utilisation des capacités de production et du taux de chômage, et ce année après année. Nous proposons deux règles d’inspiration « keynésiennes » qui nous permettent d’appréhender l’évolution des dépenses publiques et de qualifier la politique menée :
Nos deux règles sont, année après année, confrontées à l’évolution des dépenses publiques en France nous permettant de repérer les années keynésiennes et les années non-keynésiennes. Notre analyse vise à distinguer les effets de la politique budgétaire à travers les achats de biens et services par la puissance publique des effets provoqués par l’ensemble de la politique budgétaire incluant les stabilisateurs automatiques. En conclusion, et en nous appuyant aussi sur les estimations du multiplicateur budgétaire réalisées dans un précédent article (Charles et al., 2017), nous estimons que la politique budgétaire française aurait été plus efficace dans la recherche du plein-emploi si elle avait réellement et systématiquement eu des objectifs keynésiens et une pratique keynésienne. L’activité économique aurait été plus soutenue sur l’ensemble de la période. Dès lors, et contrairement à la provocation de Patrick Artus écrite en janvier 2017, il nous semble important de sauver le keynésianisme. Références bibliographiques Artus Patrick (2017), « Les tentatives de sauvetage du keynésianisme dans la zone euro sont fatigantes », Natixis Flash Economie, Janvier, n°109CAC (2014), Que faire de la dette ? Un audit de la dette publique en France, Attac France éd.
Charles Sébastien, Dallery Thomas et Marie Jonathan (2017), “Why are Keynesian Multipliers Larger in Hard Times?”, Review of Radical Political Economics, à paraître.
Tinel Bruno (2016), Dette publique : sortir du catastrophisme, Raisons d’Agir.
3-Le capitalisme est-il intrinsèquement instable ? Formes de capitalismes et dynamique économique Cédric Rogé, Clersé UMR 8019, Université Lille 1 Références bibliographiques Harrod R. F. (1939), An Essay in dynamic theory. Economic Journal 49, March, 14-33Kalecki M. (1936-7), A theory of the business cycle. Review of Economic Studies 4(2), 77-97
Wood A. (1975), A Theory of Profits, Cambridge (UK): Cambridge University Press
4-Crédit, rente foncière et instabilité financière Louis Chevalier, Clersé UMR 8019, Université Lille 1 Références bibliographiques Lavoie M. [2014], « Post-Keynesian economics : new foundations », Edward ElgarMinsky H. [2013], « L’hypothèse d’instabilité financière », Paris, Diaphane
Orlean A. [1994], « Bayesian interactions and collective dynamics of opinion : Herd behavior and mimetic contagion», Journal of economic behavior and organisation, n°28, 257-274
Panel 5 - Quels périmètres pour une action publique stratégique en Europe ?
Cet atelier s’inscrit dans la continuité des travaux réalisés par la commission scientifique Economie publique du CIRIEC France et notamment de deux ouvrages : l’un de 2012, « L’action publique dans la crise, vers un renouveau en France et en Europe ? » et l’autre de 2016, « Quel modèle d’Etat stratège en France ? ». Il s’agit de questionner la portée et les limites de la construction européenne, ses acquis et ses lacunes, afin d’analyser les perspectives de mise en œuvre de politiques publiques structurantes et stratégiques ce qu’on peut analyser comme un problème de « capabilité de l’action publique » (le concept des capabilités individuelles étant repris à A. Sen pour l’appliquer à l’action publique). L’Union européenne est la résultante de choix politiques opérés par les Etats membres pour instituer progressivement un nouvel échelon d’action publique fondé sur le principe de subsidiarité, pour chercher à faire ensemble ce que l’on est mieux à même de faire que par chaque Etat agissant séparément, sans pour autant créer un nouvel « Etat » sur le modèle des Etats-nation. L’UE est aujourd’hui à la croisée des chemins entre replis sur soi des Etats et nouvelles perspectives de politiques communes. L’ouvrage de 2016 précise que la crise de l’UE est celle de son régime de gouvernance multiniveaux, régime qui se caractérise par une action publique menée conjointement par différents échelons d’autorités publiques (européen, national, infranational) aux champs de compétences différenciés et complémentaires. Ce régime de gouvernance doit être analysé en termes d’opportunités (permettre à différents niveaux de gouvernement, notamment infrarégionaux, de participer à la définition et à la mise en œuvre de l’action publique, et plus propice à l’échelon infranational à l’expression de préférences citoyennes) mais aussi de contraintes et d’inefficience (en étant source de coûts d’organisation, de transaction et de coordination de l’action publique, et en limitant la capacité à mener politiques publiques proactives). Il s’agit dès lors dans cet atelier de réfléchir au dépassement des blocages actuels et au déploiement de politiques publiques nouvelles autour d’une conception plus largement partagée qui permette la mise en œuvre d’une action publique proactive s’émancipant des conceptions néo-ricardiennes et marchéistes. Une question centrale est celle de l’hypothèse d’une bifurcation institutionnelle consistant à redéfinir les périmètres d’action publique en Europe et leurs contenus. Si les politiques dites de « coopération renforcée » sont déjà une réalité dans l’UE depuis la mise en œuvre de la monnaie unique, il s’agit de débattre d’une refondation de l’action publique sur la base de conceptions foncièrement partagées par les Etats membres autour d’un intérêt général qui ne se réduise pas à sa représentation marchande. Il s’agit également de s’interroger sur une mise en adéquation des intérêts généraux nationaux (voire régionaux) qui donne consistance à des politiques publiques proactives cordonnées, sur la base de visions communes qui permettent de surcroit une meilleure expression des préférences citoyennes. L’atelier questionnera plus avant : - les conditions permissives d’une telle bifurcation institutionnelle, - les périmètres géographiques de refondation de l’action publique, - les différentes formes d’action publique selon les modalités de coordination et de coopération adoptées, - le rôle des services publics dans cette perspective, - les modalités d’élargissement de l’implication citoyenne dans la spécification et la mise en œuvre des politiques publiques. Ouvrages de référence: Bance P (dir.), 2012, L’action publique dans la crise. Vers un renouveau en France et en Europe ?, PURH, maiBance P. (dir.), 2016, Quel modèle d’Etat stratège en France ?, PURH, octobre
Sen A.,1985, Commodities and capabilities, Amsterdam New York, Elsevier Science Pub
Panel 6 - La Chine face au mur de l'environnement ?
Coordination : Jean-Paul Maréchal (ASIEs-INALCO, LIRiS, U. Paris Sud) Atelier organisé autour de l'ouvrage La Chine face au mur de l'environnement ? paru en avril 2017 aux éditions CNRS sous la direction de Jean-Paul Maréchal. Auteurs participants :
Résumé de l'éditeur CNRS : Géant politique depuis sa création en 1949, la République populaire de Chine est devenue au cours des dernières décennies un géant économique. Quarante ans de croissance à un taux annuel moyen supérieur à 9% l’ont en effet propulsée à la deuxième place mondiale. Un tel changement de dimension s’est naturellement traduit par une forte dégradation de la qualité de l’environnement. Après des années de déni, Pékin reconnaît désormais la gravité des problèmes écologiques auxquels le pays est confronté. Outre des pertes économiques importantes (villes paralysées lors de pics de pollution, arrêts maladie…), ceux-ci engendrent également un profond mécontentement populaire et une dégradation de l’image internationale de la Chine. In fine, les perspectives économiques de la nation tout entière risquent d’être compromises. Les limites de la nature semblent ainsi se dresser tel un mur devant les ambitions politiques et économiques de l’empire du Milieu. À partir d’approches relevant de différentes sciences sociales (économie, géographie, philosophie, science politique, sociologie), ce livre explique comment les dirigeants chinois et la population affrontent ce défi et tentent de le surmonter. Les enjeux aussi bien nationaux qu’internationaux de la crise environnementale chinoise y sont analysés tout comme les formes de mobilisation de la société civile qu’elle engendre, les réponses apportées par le pouvoir politique tant sur le plan pratique (villes vertes, lutte contre la pollution de l’air…) qu’idéologique (confucianisme « vert »)... |